Course Némée - Olympie

La course Némée - Olympie (180km) démarre ce vendredi à 14h30...

lematin.ch - 27/05/2010

«La Pleine Lune d’un côté, la chaleur de l’autre: vous allez souffrir, surtout durant les 40 derniers kilomètres…» Effie Bitsaxakis, qui a créé l’Association AETHLIOS, s’adresse à «ses» Apollons et Isthmia, encore tout feu, tout flamme, avant qu’ils ne participent à la 5e édition de sa course, entre Nimea - Olympie.

C’est devenu, depuis 2002, tous les deux ans, une tradition. Le but est de promouvoir le patrimoine archéologique hellénique et la beauté des paysages de Péloponnèse. L’Olympienne, qui ne s’offre pas aux premiers venus, est une course de longue distance.

Le but est de relier, à pieds, non-stop, en moins de 28 heures, Némée à Olympie: autrement dit, ce sont 81 concurrents (dont 17 nationalités différentes) qui vont avaler 180 km entre les deux sites grecs mythiques; en traversant toute la nuit des chemins chargés d'histoire, avec un dénivelé de 3700 mètres. «Une année, on a dû enjamber des ruches d’abeilles avant de croiser des serpents et des chiens errants», se rappelle Eusébio Bochons, de Le Vaud, deuxième en 2006, en 21 h 10 min 43 s, d’une épreuve très exigeante. «Je suis prêt à me sortir les tripes, à me faire mal pour la gagne», poursuit le père d’Ophélie (13 ans), Charlotte (15) et Marine (15), l’un des trois représentants suisses au départ de course de gladiateurs, unique, d’un autre temps. Quand il est lancé, on ne l’arrête plus! «Pour moi, lâche celui qui a remporté l’ultramarathon en Hongrie, qui a terminé 6e du spartathlon (27 h 40), qui vaut 215,8 km en 24 heures, la course commence après le 125e km!

Le champion de l’asphalte, qui n’a pas raté une édition, s’astreint à un entraînement digne d’Hercule: à savoir entre 150 et 170 km par semaine, ce qui représente 6000 km par an. Est-il fou, ce Romand? «Non, s’indigne-il, conscient que sa bonne préparation le prémunit d’une telle «accusation». C’est la volonté de courir, d’arriver, avec n’importe quel temps, à quelque chose, à vouloir casser ses tripes, qui me permet d’avancer», renchérit ce supermarathonien, prêt à atteindre le stade au-delà de la douleur, de la fatigue. «A l’arrivée, je dois être dans un état second, à quatre pattes, dans les pommes, parce que je serai allé au-delà de moi-même…» Comme au Spartathlon, fin septembre. C’est sa course préférée. «Ma deuxième famille, ma deuxième vie», précise le membre de l’Atlantide à Gland. Tout ce qui est lié à la Grèce, il adore, Eusébio!

Sa camarade d’entraînement, Emilia Rais, sa voisine de Bassins (VD), s’est, elle, classée 2e de cette course Némée - Olympie en 25 h 55, il y a deux ans! «Maintenant, il me faut attaquer les premières, s’exclame la mère de Raphaël (6 ans) et de Ludovic (9 ans). Mais, avoue la vendeuse de Sportmax (le sponsor des deux coureurs de la Côte), cela ne va pas être facile, ce genre d’épreuve c’est un monde à part…» Celle qui a aussi terminé deuxième des 24 heures de Monaco (141 km) - aidé par Eusébio - et d’Athènes (178 km) est en forme, bien préparée. «Oui mais il y a beaucoup de paramètres qui font que ça marche ou pas, renchérit l’athlète, c’est le mental qui fait la différence. Cela dit, on ne part jamais pour ne pas gagner…» Et Eusébio de lui rappeler qu’elle ne doit pas danser, comme c’était le cas en 2008, avant de franchir la ligne d’arrivée! «Mais vous savez, s’excuse Emilia, j’étais tellement euphorique, j’avais eu tellement de plaisir que c’était le nirvana…»

Pour Suzanne Brocklebank, de Lutry, dont c’est sa première, cette épreuve est une montagne appelée à accoucher d’un sourire. «J’ai acheté beaucoup de piles à l’aéroport. Pour que ma lampe m’éclaire toute la nuit», angoisse-t-elle. Le départ est prévu aujourd’hui à Némée à 14 h 30, sous 37 degrés. Les premiers sont attendus au stade d’Olympie samedi à partir de 8 h 30. Le dernier doit franchir la ligne à 18 h 30.