La colère monte à Rhodes, ravagée par les incendies depuis six jours
AFP - 28/07/2008
RHODES (Grèce) (AFP) — Effarés par les incendies qui dévastent leur île depuis six jours, les habitants de Rhodes pleuraient dimanche la disparition de leurs forêts et accusaient les autorités d'incompétence.
"Les informations sont si mauvaises que j'ai éteint ma radio", se lamente un vieillard qui vent des pastèques dans le village de Paradeisi. "Nous n'avions pas ces problèmes sous l'occupation italienne (1912-1948) parce que les Italiens nous obligeaient à débroussailler les terrains."
Le bourdonnement incessant des avions de lutte contre les incendies se fait entendre au-dessus des têtes. L'intervention des canadairs a permis de protéger les zones habitées dans l'est de l'île, où se trouvent quelques-unes des villégiatures qui attirent des centaines de milliers de touristes tous les ans.
Mais plus de 5.000 hectares de forêt et de broussailles sont partis en fumée et les hôteliers redoutent l'impact négatif sur le tourisme à Rhodes, l'une des premières destinations touristiques en Grèce.
"Cette forêt mérite nos larmes", dit George, patron d'un restaurant sur la place de Paradeisi.
La justice a condamné vendredi un homme de 61 ans, habitant du village d'Agios Isidoros, à quatre ans de prison assortis d'une amende de 15.000 euros pour avoir déclenché l'incendie par négligence.
"C'était un incendie violent et ils auraient dû le maîtriser dès le premier jour", clame Savvas Grigoriadis, un agriculteur de 52 ans du village de Theologos. "Mais le vieil homme qui a mis le feu a essayé de l'éteindre lui-même avant d'appeler les pompiers."
Selon des responsables locaux, les destructions auraient pu être limitées aux alentours du village d'Agios Isidoros où l'incendie a éclaté, mais la coordination déficiente entre les pompiers a permis aux flammes de s'échapper vers les régions montagneuses inaccessibles.
"Le feu nous a pris de court le premier jour parce que les avions bombardiers d'eau étaient cloués au sol en raison de l'épaisseur de la fumée. Si nous avions eu des hélicoptères à ce moment-là, nous l'aurions maîtrisé", a déclaré le préfet adjoint de l'île, Fotis Hatzidiakos, au micro de Skai Radio.
Plus de 500 pompiers, 100 soldats et 16 avions - y compris quatre canadairs d'Italie et de France et un hélicoptère chypriote - ont été mobilisés pour venir à bout des flammes.
Attisé par des vents violents, le feu s'est dangereusement approché de trois villages dans l'est de Rhodes pendant trois jour et a failli atteindre la mer, provoquant l'évacuation de trois hôtels vendredi.
Les risques d'incendies sont particulièrement élevés en Grèce en raison des faibles précipitations, des températures élevées et des vents violents, qui ont provoqué des centaines de feux.