Les Grecs acceptent l'austérité bon gré mal gré
Ouest-france.fr - 16/03/2010
Le tour de vis du gouvernement les fait grogner. Mais les appels à manifester ne les jettent pas en masse dans la rue. Même s'ils sont en colère contre leurs dirigeants.
Passage à la pompe plus coûteux et produits de consommation courante plus chers : hier, la TVA a augmenté de 2 %, en Grèce, illustration des mesures d'austérité prises par le gouvernement socialiste de George Papandréou pour sortir le pays de la déroute financière.
La grogne de la population est là, visible dans les manifestations de ces derniers jours. Si plus de six Grecs sur dix jugent les mesures d'austérité injustes, la moitié d'entre eux soutient la politique de rigueur. Et 40 % se disent favorables à une riposte syndicale tempérée. Des chiffres qui confirment la participation très modérée aux cortèges des deux dernières grèves générales.
« J'en ai marre... »
Une réaction étonnante face à des changements qui privent les Grecs de la majeure partie de leurs congés payés, divisent leurs salaires de moitié, reculent l'âge de la retraite et augmentent de 30 % le coût de la vie.
« Nous avons vécu au-dessus de nos moyens », soupire Giorgos, un chauffeur de taxi. Lakis Lazopoulos, le « Coluche grec », explique : « La faillite morale est venue en premier, la financière suit, mais c'est peut-être une chance de repartir de zéro. »
Les Grecs sont d'abord en colère contre leurs dirigeants, qui leur ont menti, et contre eux-mêmes, qui ne s'en sont pas rendu compte. « Oubliez la Grèce que vous connaissez », a titré le quotidien Elefterotipia.
Lakis Lazopoulos est sceptique : « Nous, les citoyens, nous pouvons changer, mais tant que trois familles domineront le paysage politique, nous serons dans une impasse. » « J'en ai marre, lâche le fonctionnaire Alexis, la corruption m'étouffe. Je la vois tous les jours dans toutes mes démarches, il faut que ça change. »
Si la majorité des Grecs veulent croire en George Papandréou, beaucoup doutent. « J'aimerais, soupire Agnès, la cinquantaine, architecte, mais cela me semble impossible. » « Dans vingt ou trente ans peut être », s'exclame Bob, un jeune étudiant au chômage qui vient d'accepter un travail au noir.
Une génération, c'est le temps nécessaire pour vraiment changer les choses, selon le président du bureau de Transparency International, à Athènes.
Angélique KOUROUNIS.