Elections anticipées en Grèce : "Je n'irai pas voter !"
lepoint.fr - 13/02/2012
Il est à peine 14 heures, au café Pas mal près de la place Syntagma. Le poste de télévision montre les journaux télévisés de la mi-journée. Sur un ton grave et avant de revenir sur la violence des affrontements dans les rues d'Athènes, de Thessalonique et d'Héraklion, la présentatrice annonce une nouvelle de dernière minute : "Les élections législatives anticipées se tiendront en avril, selon le porte-parole du gouvernement." Attablés en sirotant leur café frappé, Fotis et Giorgos, deux retraités, s'emportent. "Ce gouvernement nous prend vraiment pour des imbéciles", lance Fotis. "Les ministres ont eu peur de notre colère, et pour nous calmer, on nous fait voter. Mais, moi, je veux que les trois cents députés de ce Parlement foutent le camp !" ajoute-t-il.
Après avoir tenté d'éviter la faillite en faisant voter les mesures de rigueur, Lucas Papadémos, le Premier ministre grec, veut limiter la crise politique et sociétale. "Ce gouvernement n'a aucune légitimité, il n'est pas démocratiquement élu. Il ne pouvait donc pas tenir. Il est là pour faire passer les mauvaises mesures de rigueur et prendre au piège le prochain Premier ministre", renchérit Giorgos. À 75 ans, ce retraité originaire de Crète perçoit 450 euros par mois. Pour lui, tout est de la faute des Allemands : "J'ai vu évoluer l'Union européenne. Depuis le début, l'Allemagne dépannait ses partenaires. Tout allait bien. Rien qu'en Grèce le premier investisseur étranger était l'Allemagne, la croissance était de 4 % avant les Jeux olympiques de 2004. Puis la défiance a commencé. Et maintenant, la chancelière nous prend pour des cobayes et baisse nos revenus pour imposer ensuite la rigueur dans le reste de l'Europe", poursuit Giorgos.
Après un long silence, il reprend : "Ne me demandez pas pour qui je voterai, je n'irai pas voter !" Selon les derniers sondages, une majorité parlementaire sera difficile à atteindre pour les grands partis, pris dans le soupçon généralisé qu'en Grèce les élites ont trahi.