Des marbres très colorésı et très convoités
Les spécialistes de l’art grec en étaient persuadés, une technique de photoluminescence en apporte la preuve : les statues de marbre des frises du Parthénon étaient peintes.
Jusqu’à présent aucune trace de peinture n’avait été décelée sur les marbres ornant les bas reliefs du célèbre temple de l’Acropole d’Athènes et ramenés en Grande- Bretagne par le comte d’Elgin au début du XIXème siècle. Pourtant les historiens savent que beaucoup de sculptures étaient peintes pendant l’Antiquité et supposaient que le Parthénon n’avait pas échappé à la règle.
Parmi les couleurs utilisées à cette époque figure le bleu égyptien, un pigment minéral à base de silicium, de calcium et de cuivre, dont les chimistes connaissent les propriétés de photoluminescence.
Les particules du bleu égyptien émettent une lumière dans l’infrarouge lorsqu’elles sont excitées par un rayonnement visible. A l’aide d’une caméra infrarouge, Verri a ainsi révélé les anciennes traces de peinture sur plusieurs sculptures exposées au British Museum, à Londres : les plis d’un manteau entourant la déesse Diane, la ceinture de la déesse Iris, un dessin le long du dos du dieu Hélios.
Ces résultats, publiés dans la revue Analytical and Bioanalytical Chemistry, arrivent en pleine controverse sur la restitution de ces oeuvres, surnommées marbres d’Elgin en Grande-Bretagne. Lorsque le comte les a pillés au début du XIXème siècle, Athènes faisait partie de l’Empire ottoman et l’ambassadeur britannique avait négocié son larcin avec les autorités turques. Les marbres ont été ramenés en Angleterre en 1803 et achetés par la couronne en 1816.
La Grèce demande depuis des années leur restitution, toujours refusée par les gouvernements de Londres. La querelle s’est rallumée avec la création du nouveau musée de l’Acropole à Athènes, qui ouvre ses portes le 21 juin, et qui expose des répliques des marbres d’Elgin. Répondant à une nouvelle demande de restitution de la Grèce, le British Museum a proposé un prêt de longue durée pour lequel Athènes reconnaîtrait la propriété du musée londonien sur ces oeuvres. Des conditions inacceptables pour la Grèce. In fine, la décision appartient aux parlementaires britanniques.
Cécile Dumas
Sciences-et-Avenir.com
16/06/09